
Confiance pour l'avenir
"Nous avons deux avenirs possibles : l'un où, vidéo-surveillance généralisée à l'appui, nous nous barricadons pour que ne soit pas pillée la part que nous avons pu nous octroyer des ressources vitales actuellement restantes et l'autre où nous nous comportons en gestionnaires avisés des ressources, que nous partageons équitablement.
Pour le moment nous partons, faute de réflexion et de recul, sur le premier scénario, qui signe pourtant la fin de la vie humaine sur terre.
Cependant il n'y a pas de fatalité et il n'est pas trop tard.
Si nous ne faisons actuellement pas le bon choix, c'est que l'idée de partage dérange. Elle fait redouter d'être lésé, alors que si l'on se bat pour avoir sa part, on pense la recevoir en fonction de son mérite (force, ruse, stratégie, séduction,...) et donc plus justement (et ce alors même que des millénaires de culture démontrent que c'est loin d'être systématiquement le cas). L'idéal communiste de base, qui prônait le partage, était donc voué à l'échec.
Il faut dire que les Communistes prônaient, en plus, l'égalité alors que celle-ci est fondamentalement injuste : un grand jeune homme a besoin de manger plus qu'une petite dame âgée, personne n'est égal. Chacun doit recevoir à la fois en fonction de ses besoins et de son mérite. Seule l'équité est juste.
Mais déterminer ce qui est équitable est bien plus compliqué que mettre tout le monde sur un plan d'égalité.
Il n'est pas équitable qu'un grand patron soit parfois payé cent fois plus que l'un de ses salariés, sans lequel il ne peut pourtant rien, il ne l'est pas non plus qu'un mineur qui risque sa vie à chercher des diamants soit payé moins que les hommes qui les taillent et les vendent ou qu'un agriculteur touche moins qu'un commercial de supermarché. Il n'est pas non plus équitable qu'une personne qui reste au lit touche autant qu'un petit pêcheur qui se lève à cinq heures et risque sa vie. Il n'est pas équitable qu'une personne qui met du soleil partout où elle va malgré ses souffrances, ne soit pas davantage gratifiée qu'une personne qui détruit les équipements publics, croit que tout lui est dû ou se comporte de manière odieuse. Il n'est pas équitable qu'une personne qui se forme ou cherche à progresser ne soit pas plus valorisée que celui qui passe son temps à jouer ou à regarder des vidéos pour éviter de regarder en face la vacuité de sa vie.
Si la bienveillance, le courage, le civisme, la réflexion, l'abnégation, etc... ne sont pas rémunérés, ils disparaissent. C'est normal. Mais c'est invivable.
Alors que si on les valorise, on crée de la justice.
Un partage équitable des richesses, qui prenne en compte les bénéfices réels des actes, est une condition absolument nécessaire pour recréer de la justice sociale et donc apaiser les conflits et ainsi minimiser les gaspillages.
Le partage équitable des richesses impose de déterminer quelles attitudes nous voulons valoriser, ce qui implique de nous mettre d'accord sur ce qui est bon pour nous, à la fois collectivement et individuellement.
Nous sommes assez intelligents et avons assez de moyens technologiques pour mettre en place l'équité. Il nous faut juste communiquer sur cette question et en débattre de manière à définir quel monde nous voulons. Ainsi nous pourrons déterminer quelles qualités nous voulons valoriser. Nous pourrons aussi militer pour qu'elles soient mondialement valorisées et rémunérées à la même hauteur - quitte à utiliser dans un premier temps une monnaie parallèle pour ce faire -.
Nous n'avons besoin de l'accord de personne pour mettre en place une société équitable, nous sommes puissants. Et nous n'avons un avenir que si nous y arrivons. "
Extrait de mon livre sur la nature et la santé