Le vote écolo

J'ai voté écolo au premier tour de toutes les élections depuis plus de trente cinq ans, sauf à celle-ci. J'ai donc eu un peu de mal à tolérer les attaques des personnes qui ont découvert les problématiques écologiques, pourtant bien identifiées depuis les années 60, il y a 3 ou cinq ans seulement.

J'ai aussi mangé bio depuis plus de trente cinq ans malgré un revenu très bas et malgré les commentaires ironiques persistants de tas de gens qui me jugeaient, par exemple, « bourgeoise » (!?) de faire ça. J'ai eu deux voitures seulement en 35 ans, toutes deux d'occasion et choisies pour leur basse consommation et non pour leur confort, et j'ai respiré pendant des années les gaz d'échappement des conducteurs à l'époque où les pistes cyclables étaient inexistantes. Ma maison est quasiment uniquement meublée de meubles récupérés et mes vêtements proviennent depuis plus de vingt ans de solderies, ces pré-poubelles de la société capitaliste.

J'ai moi-même adhéré pendant des années à bien des doctrines écologistes simplistes avant d'entrer plus en profondeur dans les problématiques et de percevoir la limite de certaines d'entre elles. Ce que je sais avec certitude désormais c'est :

- qu'on ne peut pas croire que l'on fait de l'écologie véritable si l'on n'écoute pas les personnes qui sont sur le terrain et les spécialistes, les agriculteurs, les financiers, les pauvres, les malades, les industriels, les macro-économistes, les gens qui reviennent de voyage à l'autre bout de la planète, les juristes, les politiciens, les scientifiques, etc...

- qu'on ne peut pas croire que l'on fait de l'écologie véritable si l'on cherche, en fait, juste à gagner un concours de pureté imaginaire et à montrer du doigt ceux qui en font moins que soi pour se sentir au-dessus du lot et renforcer son narcissisme

- qu'on ne peut pas croire que l'on fait de l'écologie véritable si l'on adhère à des boniments simplistes à l'heure où les questions écologiques devraient être traitées avec le plus grand sérieux et en les envisageant dans toute leur complexité

J'appelle tous les néo-écolos à écouter les vieux écolos, ces boomers précurseurs (donc encore plus vieux que moi !) qui après s'être réjouis de voir enfin émerger des écolos en nombre frémissent devant la « légèreté » et la politisation instrumentalisée de leurs propos.

Je les appelle à écouter vraiment les arguments des gens qui pensent autrement qu'eux plutôt qu'à se fantasmer en blanches colombes vertueuses alors qu'ils ne font que se comporter comme des moralisateurs simplistes.

Je voterai alors à nouveau écolo aux élections.