
Oser porter le "non"
Par peur de ne plus être aimé, on dit "oui" et on laisse faire le patron, le chien, l'enfant désobéissant, le conjoint manipulateur.
Dire "oui" fait plaisir à l'interlocuteur, fait passer pour le "bon", le "gentil", le "tolérant". La posture est confortable et valorisante.
Si l'on adhère à une religion ou à une forme de spiritualité New-Age de bas étages, on a généralement, en plus, la conviction que l'on doit être dans "l'acceptation" et on récite ses maximes lénifiantes docilement en se glorifiant intérieurement d'être dans l'amour et dans le "oui".
Pendant ce temps, les groupes d'intérêt qui ont un projet pour les autres, tel que les faire adhérer à leur parti ou leur faire payer des biens dont ils n'ont pas besoin, applaudissent à deux mains et s'engouffrent dans la brèche à l'aide de techniques manipulatoires bien rôdées pour mettre cette "ouititude" à leur service.
Oser dire "non", en revanche, c'est oser ne pas plaire. C'est oser être rejeté, critiqué, perdre ses amis, être mis au ban, voire emprisonné. Presque toutes les personnes qui ont amené des progrès sociaux sont passées par là. Beaucoup ont aussi été prises pour des illuminées, comme celles qui disaient que la terre tournait autour du soleil, celles qui exigeaient que l'on arrête l'esclavage ou le travail des enfants, celles qui voulaient que les pauvres puis que femmes votent ou que la France résiste.
Et quand, enfin, on a reconnu qu'elles avaient raison, souvent elles étaient déjà mortes.
De quel côté êtes-vous ? De celui des béni-oui-oui ou du côté, dangereux et compliqué à vivre, des iconoclastes constructifs et des visionnaires pragmatiques et utiles ?